Arbre Lumière à Erstein









Le 7 novembre dernier, s'est déroulé le culte de famille en la Paroisse protestante d'Erstein. Notre livre, "L'arbre lumière", a été lu à cette occasion par Doris et "signé" par Catherine, lecture entrecoupée des textes de Catherine, Gwenaëlle, Marc et Eric.
A la fin du culte, petits et grands ont accroché de petits oiseaux de papier portant sur leurs ailes des messages d'espérance.
Merci à tous.

Texte de Gwenaëlle :
La différence
Je vais vous raconter une histoire. Elle pourrait commencer par « il était une fois » mais c’est une histoire vraie.
Une de ces histoires qui arrive à chacun d’entre nous, faite du quotidien, de ces petits riens qui paraissent insignifiants mais lesquels ce jour-là ne l’étaient pas tant. Puisqu’arrive un jour comme aujourd’hui où l’on se souvient. Et je dirais en tant qu’auteure à l’imagination débordante, que c’est le moment que les petits riens ont choisi pour être racontés.
C’était le matin. Un beau matin d’été où il fait bon se lever, et donc un de ces matins comme il y en a peu dans l’année !
Aussitôt une mission d’importance : ouvrir les rideaux et les volets pour laisser le soleil entrer dans la maison.
Première fenêtre, deuxième fenêtre, troisième fenêtre... Le rayon de soleil qui avait réussi à se faufiler dans la maison n’avait pas menti : il faisait un temps superbe !
Les enfants seraient heureux de courir dans le jardin, le papa de passer la tondeuse et maman de les regarder faire !
C’est alors que j’eus la surprise de remarquer une petite coccinelle qui m’avait choisi comme piste d’atterrissage. Je ne bougeais plus, je me penchais et observais la petite bête. Elle semblait dormir me permettant de la contempler à loisir.
Comme elle était belle la petite coccinelle. Elle était couleur de soleil, de ce soleil de l’après-midi, avec à peine deux petits points noirs sur les bords près des pattes. Je n’en avais jamais vu de telle. Elle était d’ailleurs si jolie que j’en oubliais presque de faire un voeu. Tout le monde sait qu’il faut faire un voeu avant que la petite bête à Bon Dieu ne s’envole.
Je me dépêchais réfléchissant à toute vitesse ne voulant pas laisser passer l’aubaine.
Mon voeu terminé, je respirai d’aise : la petite coccinelle pouvait s’envoler.
Mais elle ne bougeait pas sur ma main ; la dormeuse ne se réveillait pas.
Je décidais alors de partager ce petit moment bien enfantin avec mon mari. Je voulais qu’il puisse entrevoir ce petit morceau de soleil que je trouvais si beau.
Je l’appelais :
  • Viens, viens vite voir !
Devant l’urgence de mon appel, mon mari me rejoignit.
J’expliquais :
  • Regarde ! Regarde cette petite coccinelle !
Il se pencha sur la petite bête. Il paraissait légèrement circonspect quoique attendri, car habitué à mes élans devant ce genre de petit rien !
Et je continuais :
  • Comme elle est jolie, n’est-ce pas ! En avais-tu déjà vu de pareille ? Moi jamais ! Je suis sûre que c’est un spécimen unique en son genre !
C’est alors que mon mari eut cette remarque qui est restée gravée dans ma mémoire, si redoutable et si à propos aujourd’hui.
- Tu la trouves belle et différente, et c’est justement pour ça que les autres doivent la rejeter...

Texte de Éric :
Matthieu 13,31ss
Culte du dimanche 7 novembre 2010 à la paroisse protestante d'Erstein
L'Arbre Lumière : Quatrième partie : Après ?
Le vent passe dans les branches. On entend un rire d'enfants. Le Royaume des cieux est comme un arbre et il appartient à ceux qui ressemblent aux enfants.
« Jésus leur proposa une autre parabole, et il dit : Le Royaume des cieux est semblable à un grain de moutarde qu'un homme a pris et semé dans son champ. C'est la plus petite de toutes les semences; mais, quand il a poussé, il est plus grand que les légumes et devient un arbre, de sorte que les oiseaux du ciel viennent habiter dans ses branches. » Matthieu 13,31s.
Jésus leur dit aussi : « Laissez les enfants et ne les empêchez pas de venir à moi, car le Royaume des cieux est pour ceux qui leur ressemblent. » Matthieu 19,14.
*
Une enfant, Lucie, s’est envolée avec l’arbre. Le vent est passé. Il l’a emportée. Une enfant, handicapée, ne pèse pas lourd. Une faible bourrasque aura suffit pour l'emporter. Mais elle n'est pas tombée. Le vent ne l'a pas laissée tomber. Il l'a portée, il l'emporte.
L’espérance est de croire que Dieu lui-même nous emporte dans son Royaume.
*
Le Royaume de Dieu se déploie comme un arbre. Les branches s'étendent.
Il offre son ombre, sa protection, et sous ses branches, on peut faire la fête, un festin se prépare, la table est mise, le Maître de maison est là prêt à accueillir ses invités. Ô surprise, c'est lui-même qui va servir les convives ! A l'ombre de l'arbre, on fait la fête, comme les oiseaux font la fête dans les branches, on entend leur chant, leur musique.
Le Royaume de Dieu se déploie comme un arbre. Les branches s'étendent. Les oiseaux viennent y faire leur nid.
Ces oiseaux que Dieu ne laisse pas tomber à terre.
« Combien ne valez-vous pas plus qu'un seul de ces passereaux ? demande Jésus à ses disciples. Ne vend-on pas deux passereaux pour un sou ? Cependant, il n'en tombe pas un à terre sans la volonté de votre Père. Ne craignez donc point : vous valez plus que beaucoup de passereaux. Même les cheveux de votre tête sont tous comptés. » (Matthieu 10,29ss ; Luc 12,6s) Et vous, ici, aujourd'hui, combien ne valez-vous pas plus qu'un petit oiseau ? Les oiseaux sont en sécurité dans les branches de l'arbre. Ils y font leur nid. Dans les branches de l'arbre du Royaume des cieux vous êtes en sécurité. Dans les bras de Dieu, vous êtes en sûreté. Il ne laisse tomber aucun oiseau à terre, il ne laisse tomber aucun de ses enfants.
Mais les oiseaux s'envolent aussi, ils volent d'une branche à l'autre, vont et viennent dans les frondaisons. Ils volent plus loin encore, libres. L'arbre n'est pas une prison, les branches ne sont pas des barreaux. Les oiseaux vont et viennent dans l'arbre du Royaume de Dieu. Ils y sont en sécurité, protégés, ils y chantent, ils y sont heureux, c'est la fête, ils vont et viennent, ils sont libres et joyeux.
Dans les branches de l'arbre passe le vent qui porte les oiseaux. Il passe, c'est l'Esprit, dont on ne sait d'où il vient ni où il va. Il porte les enfants de Dieu, comme le vent porte les oiseaux.
Il y a le bruissement du vent dans les branches, le chant des oiseaux, mais aussi le rire des enfants, comme dans notre histoire.
Les enfants, dont Jésus dit qu'il convient de leur ressembler, car le Royaume des cieux est pour ceux qui leur ressemblent. Si Jésus place les enfants au milieu des disciples, s'il les donne en exemple, c'est parce qu'il admire leur capacité à faire confiance, quoi qu'il arrive. Ce ne sont pas les enfants en tant que tels que Jésus donne en exemple mais cette confiance fondamentale, inébranlable, dont ils sont capables, quoi qu'il arrive. Rien d'infantilisant dans la foi, mais la capacité d'être en confiance, quoi qu'il arrive.
Souvenez-vous dans notre histoire, la petite fille, Lucie : Elle a confiance parce qu'elle est portée par ses parents. Quand un enfant est porté, il peut faire confiance, et alors il fait confiance quoi qu'il arrive.
Dans les branches, les oiseaux sont en sécurité. Dans les bras de Dieu, ses enfants sont portés. Les oiseaux chantent l'espérance. Les enfants vivent dans la confiance.

Certes, l'arbre perd ses feuilles en automne. Nous aussi perdons nos feuilles. A partir d'un certain âge, oui. Mais peut-être, sans nous en rendre compte, perdons-nous des feuilles bien plus tôt que ce que nous pensons. Dès l'adolescence même. Nous perdons la magie de l'enfance. Nous perdons les illusions naïves, l'insouciance.
Que reste-t-il alors de l'enfant ? Où est passée la confiance ? Où sont les rires de l'enfant ? Où sont les chants des oiseaux dans nos vies ? Ceux qui restent même quand notre arbre perd ses feuilles ? Dieu nous laisserait-il tomber ? Allons-nous sombrer dans le désespoir, parce que l'automne arrive trop tôt dans nos vies, et l'hiver brutal nous glace ?
La foi au Christ est bien cette confiance fondamentale, cette espérance que rien ne peut nous séparer de l'amour de Dieu (Romains 8,39).


Quelle est notre espérance ? Pour nous, personnellement. Qu’espérons-nous encore ?
Avec Gwenaelle, Cathy, Doris et Marc, nous vous invitons à venir accrocher vos feuilles de confiance, vos oiseaux d'espérance. Si deux ailes aux oiseaux, écrire deux espérances.
Quelle est mon espérance ? Pour moi ? Qu'est-ce que j'espère encore, et malgré tout, qu'est-ce que j'espère de Dieu ? Qu'est-ce que j'attends encore et malgré tout de Dieu ? Comme un enfant, que Jésus me donne en modèle, quelle est ma confiance, pour moi ? Mon espérance ?
Il faut accrocher des feuilles aussi pour les autres, ceux de nos amis et de nos proches qui ne trouvent plus leur espérance, dont l’enfant est tombé trop loin en eux-mêmes pour qu’il puisse encore faire entendre son rire. Notre intercession, notre prière pour eux, c'est comme si on tenait une cage ouverte, une prison ouverte, alors même que la porte pèse lourd et se referme, tenir ouvert pour que l'oiseau espérance n'étouffe pas. Tenir le tombeau ouvert pour que la pierre ne l’enferme pas, c'est la fonction de la prière d'intercession.
Nous vous invitons donc à écrire sur l’oiseau que vous recevez : « Je fais confiance... » - « J'ai confiance que... pour moi... qui suis malade... qui vais mourir... pour mon couple... pour l'enfant... pour mon travail... pour les conditions de travail... pour cette personne que j’aime et qui souffre tant, qui s’enferme tant… J’ai confiance. Je dis mon espérance… »
Car le Royaume de Dieu est planté, il grandit et se déploie, que nous veillions ou que nous dormions il se déploie, depuis des siècles, solide bien que tourmenté. Le Royaume de Dieu n'est pas pour après la mort. Il ne commence pas dans l'au-delà. Il commence aujourd'hui. Il commence toujours. Il recommence toujours, toujours semé, toujours planté, toujours à se déployer. Le Royaume n'est pas de l'au-delà mais du toujours. Il est autrefois, aujourd'hui, demain, pour les siècles des siècles et au-delà. Amen.



Si vous cliquez dans l'eau des poissons, ils se précipiteront sur les petites "graines" de nourriture !!